Il y a quelques années, un institut américain situait la France dans le top 10 des pays les moins religieux du monde alors qu’un sondage révélait que 41% des français avouent être superstitieux. Ces deux résultats sont-ils contradictoires ou bien sont-ils symptomatiques d’un dédoublement de personnalité de nos compatriotes ? Ni l’un ni l’autre ! Ils traduisent juste trois vérités :
- La nature a horreur du vide : avec le recul de la religion, il faut bien gérer ses peurs, ses incertitudes, il faut bien essayer d’influencer les événements. Si on ne peut plus se tourner vers une divinité, une patte de lapin, un trèfle à quatre feuilles ou un rituel comme toucher du bois fera l’affaire ! Finalement on peut dire que la superstition est une religion athée ou plutôt une spiritualité purement émotionnelle dénuée de toute logique.
- Religion et superstition, même combat : même si la superstition n’a pas la cohérence interne d’une religion, elle en est tout de même l’aboutissement. En effet, dans la plupart des religions la divinité est instrumentalisée, manipulée pour satisfaire les désirs de l’homme. Même quand il s’agit d’interdictions ou d’obligations désagréables, c’est pour satisfaire un rapport commercial avec Dieu et donc se sauver soi-même. Bien sûr la religion a l’avantage de donner une vision structurée du monde et des valeurs morales mais ce n’est pas pour cela qu’on y adhère ! On y croit parce que cela fait du bien, ça apaise les sens. D’un point de vue chrétien, c’est du paganisme.
- La superstition est sûrement plus irrationnelle que la religion, mais elle a au moins le mérite d’exclure une divinité qui servait surtout de « caution transcendantale » à des pratiques narcissiques comme coucher avec des prostituées sacrées ou accomplir des rîtes permettant de se croire irréprochable . Avec la superstition, le seul Dieu qui reste… c’est le superstitieux ! Et cela nous amène à la grande problématique biblique : Le Péché. Sa définition pourrait se résumer en 2 phrases simples : « Je fais ce que je veux ! Ni Dieu ni les autres n’ont le droit de me dicter quoi que ce soit car je veux être le centre du monde. »
Observons donc bien le glissement qui a eu lieu d’après la Bible : on est parti d’une relation merveilleusement belle entre Dieu et ses enfants – c’est à dire ses représentations sur terre – pour aller vers des religions mettant en scène une divinité faite à l’image de l’homme, c’est à dire une représentation d’eux-mêmes dans le ciel. Il y a donc eu une inversion qui allait déjà dans le sens d’une auto-adoration. Mais l’aboutissement du processus, c’est la superstition avec ses rîtes, ses grigris, toutes ces croyances propres à chacun. La voilà, l’exaltation de l’individu qui peut manier à sa guise toutes les forces spirituelles qu’il a lui-même inventées !
Le problème de la superstition, c’est que même si elle peut donner l’illusion de contrôler un tant soit peu les risques de la vie, elle ne comble pas les vrais besoins de l’être humain. Le seul qui peut étancher cette soif spirituelle, c’est Jésus, pleinement homme et pleinement Dieu. Il ne propose pas des choses à faire, il exige juste qu’on Lui fasse confiance. Ceux qui l’ont fait n’ont pas été déçus… mais avant de mettre leur confiance en Lui, ils ont dû cesser de croire qu’ils étaient des petits dieux. C’est cela le plus difficile.
Yohann Tourne, 2022