Il y a l’odeur : l’odeur de l’herbe mouillée après la pluie ; le bruit : le bruit des feuilles qui craquent lorsque l’on marche en forêt. Quand nous écoutons, voyons, ressentons, humons, goûtons, tout un tas de souvenir nous viennent en tête. La nostalgie de quelque chose de passé nous submerge. Il y a certaines choses que nous ne voulons pas oublier, les bars, les cafés, les visites au ciné ; des choses que nous oublions malgré nous ; et il y a aussi des choses que nous voulons oublier, que nous refoulons, enfouissons, que notre subconscient oublie, parce que ça fait mal.
Devons-nous fuir les souvenirs et la nostalgie ? Devons-nous fermer les yeux sur ce qui était et ne sera plus ? Je voudrais vous parler d’un de mes films préférés, Perfect sense. Un film de David Mackenzie avec Ewan MacGregor et Eva Green. Il est comme un écho à notre situation, comme un crissement de craie sur un tableau noir …
L’histoire se passe dans le futur, un futur proche. Une pandémie mondiale parcours la planète, et un virus inconnu détruit successivement les 5 sens que nous possédons. Ça commence par l’odorat puis, le goût… comme une impression de déjà-vu me diriez-vous. Mais ce film est tout à fait unique en son genre. Au lieu de traiter le sujet à l’américaine, en partant d’un individu vers le monde qui l’entoure, et au lieu de poser la question “va-t-il réussir à sauver l’humanité ?” Ce film prend une toute autre tangente, il part de la détresse que l’humanité subit à travers ce virus pour se concentrer sur deux individus.
Ne vous attendez pas à voir un happy ending. Ce film va vraiment vous bousculer et vous émouvoir, car il pose les vraies questions. Et si nous perdions nos sens comment réagirions-nous ? Quel serait le sens de notre existence ?
Dans ce film, lorsqu’un sens s’apprête à disparaitre à cause de la maladie, il y a toujours une crise associé à ce sens. Pour l’odorat c’est la tristesse nostalgique, pour le goût c’est la peur de manquer, et je vais m’arrêter là pour ne pas trop spoiler. Mais j’aimerais vous citer le narrateur de ce film lorsque l’humanité perd son premier sens : l’odorat : « Submergé de chagrin les gens souffrent à cause de ce qu’ils ont perdu, les amours qu’ils n’ont pas vécu, les amis disparu, ils pensent à tous ceux qu’ils ont blessé » « D’abord ce chagrin qui les submerge, puis l’odorat qui disparait, c’est ça la maladie » « on l’appelle le syndrome olfactif sévère, S.O.S ».
Ce qui est intéressant dans ce film (enfin tout est intéressant), l’histoire, l’image, l’intrigue et même la manière de filmer qui nous fait sentir, au sens littéral, les évènements avec les personnages. Mais ce que je trouve vraiment intéressant c’est qu’à chaque fois que l’humanité perd un sens, elle est dévastée. La perte de ce sens la bouleverse, et puis le temps avance et elle s’adapte, elle apprend à faire sans. Plus de goût ? Qu’à cela ne tienne : jouons sur les couleurs, la texture, et le son. L’humanité s’adapte, et surtout elle finit par oublier, oublier ce que c’était de ressentir cela avant. Elle n’en a même plus conscience. Mais à travers la relation et l’histoire des deux protagonistes du film, on ne peut pas désincarner cette perte, elle a de l’influence sur les gens… Certains même désespérés par la perte de ces sens cherchent à ressentir à nouveau la nostalgie de quelque chose qui est perdu, par différent artifices, à l’image de cette scène où la violoniste essai par sa musique de faire revenir, le souvenir de l’odeur de la pluie.
Mais cette recherche est vaine car elle ne peut être assouvie qu’un temps et le souvenir d’une odeur ne remplacera jamais l’odeur elle-même. Alors que faire de cette réflexion ?
J’aimerai nous poser quelques questions, et si l’humanité avait perdu un sens plus profond ? Si la nostalgie, ou l’espérance d’un monde meilleur n’était en fait que le signe que nous avions perdu un sens inscrit dans notre ADN ? Et si en perdant ce sens nous nous étions adapté à vivre sans-lui ? Et si nous avions cherché à combler ce manque par des solutions artificielles qui nous donne du bonheur qu’un temps ? Et si après la perte de ce sens nous avions oublié qu’il existait, parce que le souvenir en était trop éloigné ?
Quel est donc ce sens que nous aurions perdu ? La Bible nous dit que l’homme vivait avec Dieu, il vivait dans la présence de Dieu. Depuis que le virus appelé « péché » est arrivé, depuis que l’homme a rejeté Dieu, il y a eu une crise, l’humanité a perdu ce sens de la présence de Dieu et du bonheur qui y était associé. Bien sûr imaginez-vous cela a dû être difficile pour les premiers hommes de ressentir cela, ils ont dû être dévasté… bouleversé… mais le temps a avancé et les hommes se sont adaptés, ils ont fait sans, et ils ont fini par oublier. Nous avons fini par oublier ce que cela faisait… Mais au fond de nous parfois remonte ce désir d’un sens profond, le souvenir d’un bonheur passé, le désir de la fin des souvenir douloureux… Alors oui parfois la nostalgie ne doit pas être enfouie, quand elle nous pousse à réfléchir au sens de la vie, à la possibilité d’un ailleurs, d’un plus, d’une réalité perdue. Car si il a été perdu il peut être retrouvé, le Dieu dont nous parle la Bible n’a pas voulu nous laisser dans les ténèbres, il a envoyé sa lumière sur Terre pour nous éclairer et pour nous pardonner, nous réconcilier et rétablir ce sens de la présence de Dieu en nous ! A nous de faire des recherches ne fuyons plus la nostalgie, et cherchons ce sens perdu, ce « perfect sense ».
Laetitia Bardina
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