On reproche très souvent au christianisme d’avoir engendré, malgré ses jolis discours angéliques, une quantité incroyable de maux : des guerres, des croisades, des génocides, l’inquisition, les inégalités sociales, etc. Et il faut le dire sans ambages : c’est vrai ! Mais il faut ensuite s’empresser de se demander : est-ce vraiment le christianisme qui a produit des choses si contradictoires avec le message de l’Évangile ? Par définition, un tel christianisme aurait perdu son âme et donc… ne serait plus le vrai christianisme !
Imaginez que votre boulanger préféré cesse de vendre le pain et autres viennoiseries qui font habituellement votre bonheur pour mettre à la place des côtes de porc, du rosbif et le reste de la panoplie du boucher-charcutier. Vous en déduiriez qu’il traverse une crise identitaire assez grave, non ? L’appelleriez-vous encore « boulanger » ? La première semaine peut-être, le premier mois à la rigueur, mais ensuite vous le qualifieriez officiellement de « boucher-charcutier ». Un christianisme qui fait la guerre, qui cautionne les inégalités, qui pactise avec le pouvoir, qui le caresse dans le sens du poil, qui désobéit aux enseignements de Jésus, ce n’est pas le christianisme !
Cependant nous avons encore une difficulté : si le problème se posait en des termes aussi simples, personne ne dirait « le christianisme provoque des guerres, etc. » La bonne métaphore est en fait celle-ci : Imaginez que votre boulanger préféré qui vendait la veille un pain merveilleux et des viennoiseries succulentes se mette soudain à produire des mets fades, mous et insipides parce qu’il sait qu’il est le seul boulanger du coin, qu’il en a marre de se lever tôt, qu’il veut profiter de son argent et qu’en plus il lorgne sur la mairie. Cette homme vend toujours du pain et des viennoiseries, il y a toujours un panneau « boulangerie » sur la devanture donc on continue de l’appeler « Boulanger » mais la vérité c’est que c’est un très mauvais boulanger.
À partir du moment où il est devenu religion d’état de l’empire romain, le christianisme a commencé à dévier de sa vocation et de ses valeurs premières. Bien sûr, on disait toujours que Jésus était le Fils de Dieu, qu’on voulait obéir à ses instructions mais dans les faits on avait tendance à l’instrumentaliser à des fins très matérialistes et mondaines ! Ainsi, ce qu’on appelle encore aujourd’hui « guerres de religions » n’était en fait que de vulgaires conflits claniques qui avaient pour enjeux le pouvoir et l’acquisition de territoires. Dieu dans tout cela ? Un excellent prétexte pour engager les hostilités contre des « infidèles » et l’occasion d’émettre de belles promesses de salut éternel pour envoyer de pauvres gens se faire tuer. Pour tous les autres maux cités plus haut nous rencontrons ce même principe de garder la forme du christianisme – c’est à dire un certain verbiage religieux, des rîtes qui rappellent plus ou moins le récit biblique – pour occulter le fond du message chrétien, son essence même.
Le vrai christianisme, celui qui suit les prescriptions de Jésus son Maître, aime tellement son prochain qu’il prie même pour ses ennemis et qu’il tend l’autre joue quand on le frappe. Il compte tellement sur Dieu qu’il ne s’intéresse pas au pouvoir et aux richesses d’ici-bas mais veut investir dans le Royaume à venir, dans des valeurs éternelles. Enfin, il est du côté des plus défavorisés et il lutte pour la justice. Un christianisme différent de celui-ci n’est qu’une pâle copie. Il faut alors s’empresser de dire que même s’il y a de nombreuses imitations qui circulent, le véritable christianisme n’en demeure pas moins merveilleux et vrai. Il n’est pas discrédité à cause de cela, tout comme les vrais billets gardent toute leur valeur face aux faux. Alors, pour garder la même image, si vous ne voulez pas vous faire arnaquer, scrutez bien l’original pour le distinguer des nombreuses copies en circulation. Pour cela, lisez le Nouveau Testament, deuxième partie de la Bible. Vérifiez vous-même et vous comprendrez que s’il y a eu autant de contrefaçons du message de l’Évangile c’est parce que c’est le trésor le plus précieux qui ait été donné aux hommes.
Yohann Tourne, 2021