Croire en Dieu est-ce pareil que de croire au père Noël ?

Chaque année, alors que des parents accourent vers les magasins pour dépenser leur argent en faisant le plein de cadeaux et de jouets et que beaucoup d’enfants attendent avec impatience de recevoir les cadeaux promis, certains militants athées profitent de cette période de fêtes pour critiquer la foi en Dieu en l’assimilant à la croyance au père Noël. Ainsi on peut lire un peu partout sur internet des images et des articles faisant ce rapprochement. Croire en Dieu serait-ce aussi enfantin et infondé que de croire au père Noël ? La croyance en Dieu serait-elle une farce facétieuse que les parents font croire au enfants, au même titre que l’existence du père Noël ?

Et c’est vrai qu’à un niveau superficiel, on peut se dire que la figure du père Noël ressemble à Dieu, notamment parce qu’il est supposé savoir d’avance si les enfants ont été gentils ou méchants et qu’il est réputé capable de visiter toutes les maisons du monde le soir de Noël. On pourrait aussi rapprocher le fait que bien des parents semblent encourager leurs enfants à croire au père Noël, tout comme dans les familles croyantes des parents peuvent le faire au sujet de Dieu.
Mais s’arrêter à cela et persister à dire “croire à Dieu, c’est continuer à croire au père Noël” c’est affirmer quelque chose gratuitement et passer à côté de la véritable question:

Car la question qu’il faut se poser serait plutôt : en quoi la croyance au père Noël est-elle fondée ?
Les enfants auraient raison de croire au père Noël, si il y avait des preuves ou de bons indices de son existence. Remarquons d’ailleurs que leur croyance n’est pas si enfantine et si infondée que cela, car elle est souvent basée sur leur observation du monde, elle même trahie et trompée par les machinations des parents – qui vont parfois jusqu’à faire déguiser un proche en père Noël. Mais toute réponse sincère à cette question sera évidemment que le père Noël n’existe pas car ce sont les parents qui offrent réellement les cadeaux et qui “jouent” à l’existence du père Noël, sans y croire. Et ce sont les parents eux-mêmes qui finissent un jour par l’avouer. Mais qu’importe, la croyance au père Noël est une question de peu d’importance, elle ne concerne que quelques jours dans l’année. De fait, jamais personne n’a été prêt à aller jusqu’à mourir pour sa foi “dans le père Noël”.

Arrivé à ce point, un athée pourrait dire “il n y a pas plus de preuves pour le père Noël qu’il n y en a pour Dieu”. Mais est-ce le cas ? Réfléchissons deux minutes.

La question des preuves

Quelles preuves faudrait-il chercher pour rendre légitime la croyance dans l’existence du père Noël ?

Le père Noël se présentant comme un être matériellement observable, se promenant avec de vrais rênes, disposant quelque part dans la Laponie d’une usine de cadeaux. Pour prouver ou infirmer son existence, il suffit de constater qu’il n’existe rien de tel en Laponie, et constater que les cadeaux des enfants ont tout à voir avec le salaire de leurs parents. A l’inverse, pour rendre légitime le fait de croire au père Noël, il suffirait d’expliquer en quoi l’existence du père Noël est la meilleure explication pour la présence des cadeaux sous le sapin chaque année.

Maintenant que faut-il chercher pour prouver ou infirmer l’existence de Dieu ? Avant de dire qu’il n y a aucune preuve de l’existence de Dieu, il faut savoir ce qu’on cherche. Dieu se décrit lui-même dans la Bible comme étant Esprit, c’est-à-dire non-matériel. Il est le Créateur de l’univers et la source du Bien. Donc il ne s’agit pas de chercher quelque part dans le ciel au moyen d’un gros télescope, un gros bonhomme avec une grosse barbe grise . Par contre pour savoir si Dieu existe il faut sonder la question de l’objectivité des notions de Bien et de Mal et considérer si tout l’univers témoigne d’un certain ordre et d’une certaine beauté, beauté et ordre qui viendraient pourtant contraster avec la souffrance et la présence de la mort, puisque Dieu lui-même enseigne que cet ordre universel a été aliéné par l’irruption du Mal dans le monde – c’est ce que les chrétiens appellent la Chute.

Le verdict

Et là vient le verdict. Les arguments en faveur de l’existence de Dieu font entièrement sens et sont même réellement observables par le fait que le Bien et le Mal existent nécessairement par eux-mêmes, que l’univers dans lequel nous existons permet la vie, et que le monde surnaturel existe – ce que toutes les cultures de la terre reconnaissent. Et réfléchissons-y: nulle part dans le monde nous ne voyons des auteurs sérieux, des scientifiques, des philosophes, des gens de toutes conditions, débattre et s’opposer depuis des siècles sur la question l’existence du père Noël ou de la petite souris. Et pourtant c’est ce qu’ils font sur question de l’existence de Dieu.

Nous voyons donc que l’existence de Dieu est une question sérieuse, qui remplit les bibliothèque du monde entier. De grand philosophes et de grands scientifiques se sont mêmes convertis en se penchant sur le sujet. Il faut donc voir que ces tentatives pour assimiler le fait de croire à Dieu et la croyance enfantine au père Noël ne sont qu’un subterfuge. Un subterfuge de plus pour éviter de réfléchir sérieusement à la question et éviter les enjeux, et les implications lourdes que reconnaître l’existence de Dieu pourrait avoir dans leur vie.

Article écrit par Charles.B en décembre 2018

3 réflexions sur « Croire en Dieu est-ce pareil que de croire au père Noël ? »

  1. Je regrette, qu’il y ait des arguments en faveur de l’existence de Dieu ne signifie pas qu’il y ait d’avantage de preuve de l’existence de Dieu que de celle du père Noël, pour une raison simple: les arguments peuvent (et sont, à mon opinion) fallacieux.

    Le fait que le sujet de la religion remplisse les bibliothèques n’est pas non plus un argument en faveur de sa crédibilité: dire qu’une thèse est plus plausible qu’une autre simplement parce que le nombre de ses adeptes est plus grand c’est utiliser l’appel à la popularité, qui est, malheureusement, un sophisme.

    On peut citer par exemple l’histoire des oracles (aussi appelé histoire de la dent d’or) pour s’en convaincre: même un fait non étayé peut remplir des bibliothèques.

    Prouver que dieu existe s’il existe (car cela me semble être une condition nécessaire tout de même), n’est pas nécessairement si compliqué selon la définition qu’on en donne (déisme ou théisme).
    Prouver son inexistence semble par contre très difficile voir impossible (tout comme pour le père Noël).

    En l’absence de preuve, vous avez raison de dire qu’il faut chercher autre chose, des « bonnes raisons de croire ». En effet il y as certaines choses dont l’existence n’est pas prouvée mais pour lesquelles il est raisonnable de penser qu’elle existent, ou à minima il est raisonnable d’accorder du crédit à leur existence. C’est par exemple le cas pour les extraterrestres; nous ne savons pas s’il y en as mais nous savons que la vie est possible si les conditions pour son apparition sont réunies et nous savons qu’étant donné le nombre impressionnant de planète dans l’univers il est probable qu’au moins l’une d’entre elles ait lesdites conditions. Par conséquent il est envisageable que des bactéries puissent exister dans un autre système solaire que le nôtre même s’il est trop éloigné pour qu’on puisse jamais le prouver. Hélas en tant qu’adepte des sciences je ne vois aucune raison de ce genre pour dieu: jamais aucune loi physique ni aucune théorie ne suggère qu’un esprit puisse exister sans support matériel par exemple, donc ça, on ne sais pas si c’est possible, tout comme on ne sait pas comment une ombre pourrait rouiller (oui vous avez bien lu). En outre, et toujours d’un point de vue scientifique, l’hypothèse divine ne remplit aucune des conditions pour être envisagée dans un cadre théorique.

    1. Bonjour Alexis,
      Je vous remercie de votre commentaire, mais j’aimerai remarquer que l’argument présenté ici n’est pas un appel à la popularité.
      Le cas échéant, il aurait pu prendre la forme suivante : “il existe plus de personnes croyant en l’existence de Dieu qu’en l’existence du père noël donc Dieu existe” ou encore “Il y a beaucoup trop de personnes croyant en l’existence de Dieu pour que ce ne soit pas vrai”. Or l’argument prend plutôt cette forme :
      1) L’existence de Dieu est un débat philosophique soutenu par plusieurs experts de niveau académique
      2) On ne constate pas de tel débat pour l’existence du père Noël
      3) La question de l’existence de Dieu est donc plus sérieuse que celle du père Noël

      Et de fait, la philosophie analytique anglo-saxonne a vu ces dernières années une résurgence de la question de Dieu. Des philosophes tout à fait respectables ont sérieusement argumenté en faveur du théisme. Alvin Plantinga, Richard Swinburne, William L. Craig, Peter Van Inwagen ont engagé la discussion contradictoire avec d’autres philosophes non moins respectables. Je vous invite donc, comme l’article le fait lui-même, à nous montrer que la question de l’existence du père Noël se fait sur la même échelle d’excellence académique que la question de l’existence de Dieu.

      Aussi, il ne suffit pas de relever la figure du syllogisme de l’appel à la popularité pour qu’il devienne automatiquement sophisme. Un appel à la popularité, comme toute figure rhétorique, n’est pas un sophisme par essence et peut tout à fait être valide en fonction de son contexte d’utilisation.

      Quant à la deuxième partie de votre commentaire, sur le “cadre théorique” de ce qui peut faire l’objet d’une connaissance ou non, il me semble voir transparaître la naïveté épistémique de la communauté zététique lorsqu’elle parle de sciences. Vous pourriez alors lire avec profit Alvin Plantinga sur le sujet (ici vous trouverez une introduction à son oeuvre : https://www.associationaxiome.com/alvin-plantinga-par-ou-commencer/) ou bien encore pour la partie française Roger Pouivet et Lydia Jaeger. Mais pour commencer à toucher le sujet du doigt je vous encourage à lire cet article écrit par Lydia Jaeger, théologienne et philosophe des sciences :
      https://ljaeger.ibnogent.org/uploads/articles/La%20science%20neutre.pdf

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