Pourquoi plaisante-on et utilise-t-on l’humour ?
D’après le dictionnaire de Nouveau Petit Robert, l’humour est une forme d’esprit qui consiste à dégager les aspects plaisants et insolites de la réalité, avec un certain détachement. Les chercheurs en psychologie disent qu’on apprend assez vite à rire, puisque même les bébés reconnaissent la bizarrerie du nez rouge sur un visage humain. C’est-à-dire un clown. Et, tout le monde est d’accord pour dire que rire ensemble est une bonne chose, ça nous donne de la joie.
Mais qu’est-ce qui nous pousse à faire de l’humour et à rire ? La première réponse qui ressort pour les psychologues, c’est le fait de vouloir relâcher la tension. Tout le monde se souvient des petites blagues qu’on a faites ou qu’on a entendues, qui étaient mille fois plus drôles dans une situation tendue comme avant un examen, ou après avoir appris une nouvelle sérieuse. Cette tension peut être entre deux personnes ou interne à nous-même. Le DSM IV, qui est en gros le dictionnaire américain des troubles psychiques, définit l’humour comme l’un des mécanismes de défense les plus efficaces pour s’adapter face aux “conflits émotionnels ou aux facteurs de stress ”
Donc, dans plein de situations, l’humour et le rire peuvent être salvateurs. Cela permet aussi de mettre en relation deux personnes face à la même source de stress au lieu de gérer chacun son stress de son côté. Cela permet aussi la plupart du temps de recadrer la situation, de dédramatiser. Ainsi, l’humour peut être utilisé comme un élément qui nous permet d’être résilient face aux situations graves dans nos vies.
Mais il y aussi plein de manières dont l’humour peut se retourner contre nous. Il faut dire que notre humour porte vraiment l’empreinte de la culture où on est. Et en France, on est habitué à nous taquiner les uns les autres, c’est une façon de faire de l’humour que tout le monde ne connaît pas et qui peut ne pas être reçu de la même manière par chacun, même en étant français.
Dans ces cas, les intentions du blagueur et sa délicatesse comptent beaucoup. En fait, même si la personne utilise simplement son mécanisme de défense, il ne faudrait pas que ce soit au prix de sa relation avec la personne en face. Par exemple, la moquerie peut vite devenir un moyen de rire de l’autre et non pas avec l’autre. Le sarcasme, la dérision peuvent être autant de façons de mal utiliser l’humour. Les chercheurs disent que cela pourrait être des chemins pour augmenter le soi au dépens des autres, de créer une relation asymétrique. C’est ce qu’ils appellent “l’humour agressif”, car ils disent que c’est une façon d’agresser la personne d’une manière socialement acceptée, pour mettre de la distance relationnelle lorsqu’on ressent une trop grande proximité et que ça nous rend anxieux (par exemple par le patient dans une thérapie). Dans ce cas aussi, le rire nous permet de mieux vivre les situations de la vie.
En somme, l’humour marque un besoin de décalage avec la réalité. Mais justement, nous pourrions nier la réalité, au point de croire que si nous n’en parlons pas, les situations difficiles n’existent pas. Ou encore, même si le rire est utilisé de multiples façons dans des thérapies de groupe ou en individuel, il peut aussi être un ennemi pour nous, car ce sera une façon de minimiser nos problèmes, ou de nos souffrances psychologiques avérées ou non. Par exemple, il est bon de rire de la situation de crise que nous vivons, du confinement et des diverses expériences que nous ne pourrions pas supporter sans le rire. Mais il est aussi important de ne pas laisser l’humour être un frein pour réaliser la gravité de la situation, ni pour les actions à mettre en place face à cette situation.
Conclusion :
Toutes ces façons d’utiliser l’humour sont naturelles et normales. Et la plupart du temps, on se rend très peu compte de l’impact que ça a sur nos vies. Mais être conscient de la façon dont nous utilisons l’humour peut nous aider à comprendre notre fonctionnement et celui des autres. Cela peut être une clé pour savoir comment avancer. Car ce n’est pas parce qu’on fait des blagues et qu’on rit, qu’on est forcément joyeux à l’intérieur, ou que nous allons bien. Cela peut être important de regarder outre les apparences. Et dernièrement, cela peut nous aider à comprendre comment on gère nos relations, peut-être qu’on est souvent agressifs envers nos amis et on ne s’en rend pas compte.
Et toi, comment utilises-tu l’humour ? Qu’est-ce que tu exprime à travers elle ? Quelles tensions est-ce que tu as besoin de désamorcer par l’humour ?
Est-ce que tu te reconnais dans les cas de figures que j’ai présenté ? Quelles sont tes raisons principales d’utiliser l’humour ? Est-ce que c’est plutôt pour te connecter aux autres ou pour mieux te sentir ?
Une chronique de Louise J. pour le podcast Le Comptoir.
Cet article est extrait de l’épisode 3 “L’humour” du podcast Le Comptoir. Retrouvez l’intégralité de l’épisode sur Spotify et Youtube.
Pour aller plus loin :
Humour et Dieu :
- Spurgeon : https://www.leboncombat.fr/humour-spurgeon/
- Memento Mori, un chrétien peut-il plaisanter : https://www.leboncombat.fr/plaisanter-bonne-conscience/
- Dieu fait des jeux de mots dans ses prophéties : http://leboncombat.fr/quand-dieu-fait-des-jeux-de-mots/
Humour et psychologie :
- Olano, M. (2016). Pourquoi rions-nous ?. Sciences Humaines, 6(6), 16-16. https://doi.org/10.3917/sh.282.0016
- Bonardi, C. (2009). L’humour : un kaléïdoscope pour les sciences humaines ?. Le Journal des psychologues, 6(6), 22-26. https://doi.org/10.3917/jdp.269.0022
- Panichelli, C. (2007). Le mécanisme de défense de l’humour : un outil pour le recadrage [1]. Cahiers critiques de thérapie familiale et de pratiques de réseaux, 2(2), 39-56. https://doi.org/10.3917/ctf.039.0039