Un silence quasi-religieux s’installe dans la salle de concert. Sur scène, le musicien s’installe au piano.
Les mains posées sur ses genoux, le pianiste est immobile : il joue 4’33 de John Cage. Sur la partition, pas de notes de musiques, juste du silence. Le 29 août 1952, David Tudor interprète pour la première fois la pièce sonore révolutionnaire de John Cage, pionnier de la musique expérimentale et avant garde.
Le temps paraît interminable. Le silence habituellement respectueux d’un auditoire devient pesant. Peut-être que pour certains, il est assourdissant, angoissant.
Pendant ces 4’33 de silence, chacun est hyper-conscient des sons qui l’entourent, même de sa respiration. Les spectateurs eux-mêmes sont les musiciens de leur silence.
Dans l’auditoire, on entend quelqu’un tousser, des murmures d’impatience, le froissement des pages du programme. On entend le bruissement des manteaux, quelques excuses chuchotées pour se faufiler entre les rangs, le son feutré des pas sur la moquette, le battement de la porte de sortie. Excédés, certains spectateurs sont partis.
Est-ce un coup de génie artistique, proposant une réflexion poétique et subversive des codes esthétiques ? Ou est-ce la preuve de la décadence post-moderne, déconstruisant tout par une pensée nihiliste et absurde ? Ou encore, est-ce là un exemple de la vanité et de l’élitisme de l’art contemporain ?
Dans tout les cas, ces 4’33 ne laissent pas indifférents. Nous ne sommes pas à l’aise devant le vide. Il ne reste que le bruit sourd du silence. Il nous empêche d’échapper à nos pensées, peut-être à une angoisse existentielle latente. Alors, que faire ? John Cage nous propose la contemplation. Un peu à la manière des philosophies orientales, il nous faut accueillir la beauté du vide.
Mais le silence de la méditation est un sursis trop court à la cacophonie de notre quotidien. Trouver la beauté dans les petites choses et dans les mystères de la vie n’est pas un remède durable à nos anxiétés. D’un autre côté, s’évader par les loisirs ne nous apaise que l’espace d’un instant. Les endorphines ne sont pas une fin en soi. Une fois que la musique s’arrête, notre vie, elle, reprend.
Nous sommes constamment affairés, inquiets, bombardé de stimulants et de distractions. Dans la frénésie de notre quotidien, quand nos pensées et nos inquiétudes nous assaillent, comment trouver le vrai repos ?
Blaise Pascal disait que « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer au repos dans une chambre ».
Le repos, ce n’est pas la fuite. Ce n’est pas se distraire pour tenter d’oublier ses problèmes ou la vanité de la vie. La seule chose capable de nous offrir le vrai repos, c’est son Créateur.
La Bible présente un Dieu totalement souverain et pourtant proche de nous. Ni le silence assourdissant de nos questions existentielles, ni le vacarme du monde échappent à son regard. En même temps, Jésus, Dieu fait homme, est aussi appelé Emmanuel. C’est-à-dire, Dieu avec nous ! Il sait intimement ce que c’est d’être humain, et il est avec nous dans nos tempêtes ! Nous pouvons faire confiance au Grand Compositeur.
Peut-être que finalement, la vraie question n’est pas comment te reposer ? Mais plutôt, sur qui peux-tu te reposer ?
Une chronique de Joanna Schlake pour le podcast Le Comptoir.
Cet article est extrait de l’épisode 2 “Le repos” du podcast Le Comptoir. Retrouvez l’intégralité de l’épisode sur Spotify et Youtube.