La fête de Noël est aujourd’hui fêtée presque partout dans le monde, on se fait des cadeaux, on se voit en famille, on décore tout de guirlande et de bougies. Bref, on fait la fête, on se réjouit, mais de quoi au juste ? Pour se rappeler un peu du sens, faisons un petit voyage dans le temps et vers la Palestine.
L’histoire en bref
Palestine, quelque part autour de l’an -4[4. Eh oui, on pense aujourd’hui que ceux qui ont fixé le début de notre calendrier n’étaient pas très au clair sur l’année de naissance de Jésus-Chris]. Le peuple juif forme une nation soumise à la domination – voire l’oppression – romaine. Pourtant, ce peuple se voit comme le peuple élu de Dieu, qui devrait être béni entre tous plutôt que soumis. Certains l’explique par un manque de fidélité dans l’application de la loi reçue de Dieu par Moïse 1300 ans plus tôt ; on se tourne vers une application toujours plus rigoureuse des commandements. On se rappelle aussi que les textes sacrés annoncent la venue d’un Messie[1. Le terme “Christ”, comme dans “Jésus-Christ” est synonyme de Messie; Messie est un terme hébreux, et Christ sa traduction grecque.], un personnage choisit par Dieu, qui libérerait le peuple Juif et le rendrait capable d’obéir pleinement à la loi divine. Beaucoup attendent un Messie militaire et politique, qui mènerait une insurrection contre l’occupant romain, et fonderait un Royaume encore plus glorieux que ne l’avait été celui du Roi Salomon.
Dans une bourgade de Galilée, un ange apparaît à une jeune fille, vierge, Marie, lui annonçant qu’elle deviendrait enceinte par l’action directe de l’Esprit de Dieu, et que son fils serait appelé Fils de Dieu, et régnerait éternellement. Se déclarant “servante du Seigneur”, Marie accepte[3. Il faut noter que cela n’a rien à voir avec les fils de dieu(x) dont les mythologies grecques, romaines et autres sont emplies. Dans les mythologies, les fils de dieux naissent en général parce qu’un dieu ou l’autre a abusé de ses prérogatives divines pour aller coucher avec une mortelle (ou une nymphe ou un quelconque être féminin de son goût), et il produit une progéniture par conséquence. Ce n’est pas ce dont il est question ici : le Dieu chrétien choisit de faire naître un fils, pour venir en aide à l’humanité, il le fait sans rapport charnel mais avec le consentement de la mère.]. Son fiancé, Joseph, voit qu’elle est enceinte et qu’il n’y est pour rien, et pense à rompre en douce pour éviter un scandale. Un nouvel ange lui dit de ne pas le faire, parce que l’enfant est le fruit de l’action divine et non d’une infidélité.
Lorsque Marie approche de son terme, il se trouve que le jeune couple doit aller se faire recenser à Bethléem, ville d’origine de Joseph – et de son ancêtre le roi David, dont le Messie doit descendre. Vu la descendance pléthorique dudit roi, la ville est comble, au point que Joseph et Marie doivent trouver refuge dans une étable, et Marie coucher le petit Jésus[2. Jésus est un nom relativement courant à l’époque, qui signifie «Dieu sauve»…tout un programme !] dans une crèche. À noter que le texte biblique ne nous dit pas du tout s’il y avait un âne ou un bœuf … Des bergers arrivent : des anges leur sont apparu, disant qu’un sauveur , le Christ[1. Le terme Christ est l’équivalent grec de Messie, les deux termes signifie l’Oint, en lien avec le rite d’onction qui manifestait qu’une personne était appelée à une fonction particulière.] était né à Bethléem ; ils rendent hommage au petit enfant et s’en vont.
Quelques commentaires
Bien entendu, le «petit Jésus» n’est pas resté petit, et la suite des évènements éclairent l’importance de sa naissance. Plus tard, ce même Jésus dira que Dieu le Père et lui font un ; on comprendra que Jésus est Dieu lui même, venu prendre la condition humaine. Précisons tout de suite qu’il ne s’agit pas d’une simple apparition de Dieu ou d’un déguisement humain. On verra Jésus manger, boire, ressentir la faim, la douleur et même la peur. En Jésus, Dieu se fait homme avec tout ce que cela comporte.
Cela manifeste la différence du Dieu qui se révèle en Jésus – le vrai Dieu, à mes yeux – avec plusieurs autres conceptions : Dieu n’est pas le Dieu horloger des philosophes ou d’un Voltaire, qui crée le monde, lance la machine, puis s’en désintéresse, trop grand et parfait pour s’intéresser à autre chose qu’à lui même. De même, cette idée de Dieu prenant la condition humaine fait horreur aux musulmans, pour qui Dieu est grand, saint et inaccessible, et ne s’abaisserait jamais à une chose pareille. Ils ont raison d’affirmer la grandeur de Dieu, mais Dieu, lui, par amour pour nous, est prêt à descendre jusqu’à notre niveau. Même, lorsque le Christ naît, ce n’est pas dans un palais de roi , mais dans la mangeoire des bêtes. Les premiers à venir lui rendre hommage ne sont pas des dignitaires, mais des bergers, des crève-la-faim à la réputation douteuse. On peut dire de tout cela que le Dieu chrétien se singularise par son humilité et son accessibilité. À Noël, nous fêtons donc la venue de Dieu parmi les hommes. Nous fêtons une grande étape de l’action de Dieu pour se réconcilier avec l’humanité – pour réconcilier l’humanité avec lui. Noël est en particulier un jour d’espoir pour ceux qui souffrent, qui sont seuls, pauvres ou rejettés : Dieu a connu cela, il est venu dans cette même situation, nous ne sommes pas abandonnés.
Puissent tous ceux qui y croient manifester cet humilité et solidarité de Dieu, et que tous se laissent rejoindre par le Dieu qui se rend proche !
Une réflexion sur « Que fête-t-on à Noël? »