Peut-on être bon sans Dieu ? Bonne question. Avant de tenter d’y répondre, j’aimerais préciser quelle n’est pas la question :
- Ce n’est pas la question de savoir si une morale objective peut exister sans Dieu. Autrement dit, ce n’est pas la question de savoir si on peut être bon dans un univers où Dieu serait absent. Ce sujet est traité dans un autre article. Celui-ci conclut que la moralité ne peut pas exister sans Dieu, mais souligne que même ceux qui font abstraction de Dieu sont obligés de reconnaître une morale qui n’est pas qu’une question de préférences. Ainsi, dire que la morale ne peut exister sans Dieu ne signifie pas que ceux qui ne croient pas en Dieu sont immoraux.
- Cela n’est pas non plus la question de savoir si ceux qui connaissent Dieu sont nécessairement «bons». J’y reviendrai en fin d’article.
La question sera plutôt de savoir si nous pouvons avoir un bon comportement sans l’aide de Dieu ou sans s’appuyer explicitement sur une relation avec Dieu.
Relativement bon ?
Commençons par une évidence. On peut faire de bonnes choses sans être chrétien. Jésus disait à ses auditeurs :
Si donc vous, qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est aux cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui le lui demandent[1. Évangile selon Matthieu, chapitre 7, verset 11.].
Tous les hommes sont créés par Dieu. Dieu a mis en l’homme de bons désirs et un sens du bien, et tout cela n’a pas disparu. Il est possible de faire du bien sans avoir de positionnement religieux explicite. Faire du bien à un plus faible, respecter et défendre la liberté d’un autre, se montrer solidaire avec un ami qui souffre, tout cela est possible sans connaître Dieu. Cela peut cependant demander une nuance : est-ce vraiment sans Dieu ? Dieu le tout-puissant, le créateur de tout ce qui existe est présent en tous lieux. Il n’a pas cessé de donner son appui à ceux qui cherchent le bien. Même le bien qu’un parfait athée pratique n’est pas fait sans Dieu : il vient d’un capital de bonté donné par Dieu à l’origine, soutenu par la bonté que Dieu continue de montrer envers chacun jour après jour.
Le lecteur attentif aura cependant remarqué que j’ai parlé de faire du bien, alors que le titre de l’article parle d’être bon. De même, Jésus parle de faire du bien alors que l’on est mauvais. Que faut-il donc dire du fait d’être bon sans Dieu ? Que signifie être bon ?
Bon aux yeux de Dieu ?
Nous essayons tous de penser que nous sommes bons. Je n’ai pas tué, je n’ai pas volé, j’essaie de bien me comporter. À ce tarif, on peut être bon. Mais quand on regarde plus profondément, on peut se rendre compte que nous ne sommes pas si bons que nous voulons le croire. Je peux écraser un autre pour montrer que j’ai raison. Je peux faire primer mes désirs sur les besoins du reste du monde. Je peux me réjouir du malheur qui arrive à celui que je n’aime pas. Je voudrais aimer fidèlement, mais je suis inconstant et mon amour peut se changer en rivalité. Je voudrais être solidaire, mais quand mon confort est vraiment touché, je me cabre. «En effet, je ne fais pas le bien que je veux et je fais le mal que je ne veux pas[1. Lettre de Paul aux Romains, chapitre 7, verset 19.].» Cette situation est ce que la Bible appelle le péché. Sa racine est précisément la volonté de se débrouiller sans Dieu, de faire par soi-même. Dieu est à l’origine de tout ce qui est bien. En nous éloignant de lui, nous abandonnons notre ressource pour faire le bien, comme un appareil électrique qui tirerait sa propre prise. Dieu nous a doté d’un peu de batterie, mais cela ne suffit pas. Nous avons nos moments de bonté, mais le mal nous attend au tournant et nous tombons dans le panneau. Par comparaison avec les autres nous pouvons nous imaginer être bons, mais aux yeux de Dieu qui est parfaitement bon, nous sommes profondément mauvais. De plus, même le fait de vouloir faire sans Dieu est un signe de notre méchanceté. Si nous recherchions vraiment le bien de tout notre cœur, nous serions irrésistiblement attirés par Dieu, alors qu’en fait une part de nous le fuit et fait tout pour l’ignorer. C’est pourquoi il faut dire que nous ne pouvons pas être bons sans Dieu.
Cela pourrait sembler une manière pour les croyants de prendre de haut ceux qui ne croient pas en Dieu. Pour éviter cela, il faut préciser ce que signifie la vie avec Dieu sous ce rapport.
Peut-on être bon avec Dieu ?
Le propos de l’article n’est pas de dire que les chrétiens, eux, sont bons. La Bible ne permet à personne de se dire meilleur que les autres et d’en tirer orgueil[1. Voir à ce sujet l’histoire du pharisien et du collecteur d’impôt, racontée par Jésus dans l’évangile selon Luc, au chapitre 18, versets 9 à 14.]. En devenant chrétien, on reconnaît que l’on n’est pas bon, et qu’on ne le sera jamais assez pour que Dieu nous accepte sur la base de nos mérites. On accepte que Dieu ait pris sur lui sa colère contre le mal que nous faisons, en mourant sur une croix dans la personne de Jésus-Christ. On accepte de changer de comportement, et de recevoir de lui la force de le faire. Mais cela prend du temps parce que Dieu nous fait cheminer progressivement ; on ne peut pas affirmer que les chrétiens sont meilleurs que les non-chrétiens en général, mais je peux affirmer avec confiance que je suis meilleur que ce que je serais sans Dieu.
Ainsi, nous ne pouvons pas être bons sans Dieu, mais la bonne nouvelle c’est que Dieu est prêt à nous regarder comme bons malgré tout, si nous croyons en lui et en la mort de Jésus pour nos fautes.
Jean-René Moret, Juin 2016
La vie humaine est trop énorme pour être laissée aux humains.
Pour vivre une vie humaine il faut être Dieu.
Dieu n’est pas juste. Il est Justice. Dieu n’aime pas. Il est Amour. Dieu n’est pas bon. Il est Perfection.
Etant à l’image de Dieu, l’Homme pourrait (vous pouvez toujours essayer) faire tout cela s’il était EN Dieu. Malheureusement la première création a été faite séparée de Dieu. On attend la Seconde, celle où il n’y a pas de temple.