Après tout, la foi n’est elle pas essentiellement personnelle? Ne découle-t-elle pas d’un expérience que l’on ne peut faire que pour soi-même? N’est elle pas au delà du champ de la raison? Le présent site est-t-il donc une arnaque et une perte de temps?
Une séparation abusive
Ces questions ressortent d’une vision où l’on fait une séparation stricte entre le monde de la connaissance et le monde de la croyance. Dans le monde de la connaissance, c’est la science expérimentale avec ses critères de reproductibilité qui règne. La croyance, elle, reposerait sur une intime conviction ou une expérience subjective, qu’on ne peut communiquer.
A noter que dans une telle vision, des notions comme la justice, la vérité, l’éthique sont du domaine de la croyance, puisque des expériences reproductibles et objectives ne peuvent les déterminer[1. Voir notre article Si Dieu n’existe pas, qui est en droit de définir de manière absolue ce qui est bien ou mal?.].
Cette séparation a pu être pour certains une manière de protéger la foi, en la faisant passer dans un autre monde, hors d’atteinte des remises en question venant de la progression d’une vision scientifique -ou scientiste- du monde. Mais du même coup, la foi ne peut plus non plus jouer un rôle dans le monde où nous vivons, abandonné à la connaissance dite scientifique.
Un Dieu qui se révèle
Et cette vision de la foi ne correspond pas au Dieu de la Bible, qui certes est un être transcendant qui nous dépasse, mais qui est aussi un Dieu personnel, qui a créé le monde et se révèle dans l’histoire des hommes. Parce que Dieu se donne à connaître au travers de son action dans le monde concret, on peut en parler sur base d’éléments au sujet desquels la communication est possible[2. Voir nos articles Pourquoi Dieu se cache-t-il et Peut-on croire en ayant vu ?]. Selon la Bible, les qualités de Dieu sont visibles dans le monde créé (Romains 1.20), la foi en Dieu trouve donc un appui dans le monde présent. Dieu a mis dans le cœur de l’homme la pensée de l’éternité ; on peut donc échanger sur nos ressentis, et ceux-ci diront quelque chose de Dieu. En Jésus vrai homme et vrai Dieu, Dieu s’est fait connaître, la vie et l’enseignement de Jésus peuvent être étudiés et leurs implications discutées. Le fait d’être chrétien doit aussi avoir des implications sur la vie concrète, et là encore le dialogue va être utile.
Un mysticisme ?
Un pur mysticisme peut se passer de l’histoire, du monde naturel et de l’expérience commune de l’humanité, mais la foi chrétienne n’est pas ce mysticisme. Il y a certes au cœur de la foi une décision qui implique notre personne, et aucun argumentaire ne peut provoquer ou forcer cette décision. Mais pour en comprendre les tenants et les aboutissants, le débat d’idée et la réflexion sur les faits sont utiles. C’est pourquoi il est légitime de discuter voire d’argumenter au sujet de la foi, et nous espérons que ce site aidera à baser tout positionnement quant à la foi sur une réflexion solide.
© Jean-René Moret
2 réflexions sur « Peut-on légitimement argumenter sur des questions de foi? »