Ces derniers temps, le sujet de l’avortement, dit aussi IVG – Interruption volontaire de grossesse -, a timidement refait surface dans l’actualité. La cause en est double : d’une part la décision aux Etats-Unis, dans l’état de New York d’autoriser l’avortement jusqu’à la dernière minute avant la naissance, de l’autre la publication dans une revue scientifique de bio-éthique d’un article intitulé : “Avortement post-natal, pourquoi l’enfant devrait-il vivre ?”. Article au sein duquel les auteurs réclament, le plus sérieusement du monde, l’extension du droit à l’avortement jusqu’après la naissance, puisque selon eux le nourrisson n’a pas plus de raison d’être considéré comme une personne que le fœtus de quelques mois. Ils demandent à ce qu’il soit désormais possible de tuer en tout légalité les nourrissons nouveau-nés après l’accouchement, si ces derniers ne sont pas – ou finalement plus – désirés.
Le sujet est loin d’être anecdotique ou anodin : rien qu’en France, c’est près de 220 000 avortements qui sont effectués par an.
Cela représente un peu moins d’une grossesse sur trois. Depuis 1975, ces interruptions sont effectuées en toute légalité du point de vue de la loi. Elles sont même intégralement prises en charge par la solidarité nationale. Et pour la majeure partie de la société, le droit à l’avortement est considéré comme un droit inaliénable de la femme, un progrès indéniable vers davantage d’émancipation. Ceux qui continuent à s’opposer à la légalisation de l’avortement sont rangés dans la catégorie des extrémistes, des misogynes et des arriérés. Parmi les opposants les plus farouches à l’IVG figurent un très grand nombre de chrétiens, toutes confessions confondues.
Alors, pourquoi tant de chrétiens continuent-ils de s’opposer au droit à l’avortement ? Ne peuvent-ils pas accepter le progrès ? Qu’y a-t-il de mal au fait de laisser à chacun le droit de décider pour son propre corps, comme le rappelle le slogan “mon corps, mon droit”?
Mais en rester à ce niveau du débat, c’est passer à côté du fait que le droit à l’avortement pose de sérieuses questions éthiques, philosophiques, sociétales et spirituelles.
Problème éthique d’abord : car l’IVG c’est choisir unilatéralement de mettre fin à une vie humaine sans faute de sa part.
En effet, même si mon corps m’appartient, et que tout ce qui a trait à mon corps relève de mon droit et de mes choix (“mon corps, mon droit”). L’ADN est le marqueur identitaire, la frontière de ce qui appartient physiologiquement à notre corps, or il faut justement souligner que ce petit être qui grandit dans le ventre de sa mère dispose déjà de son propre corps et de son propre ADN, ce qui en fait un être tout à fait différent et distinguable de celui de sa génitrice. Lorsqu’au cours de l’IVG, le cœur du petit être cesse de battre, c’est lui qui meurt, pas son porteur. Par conséquent, utiliser cet argument pour justifier l’IVG est déjà un contre-sens, puisque l’adulte qui prend la décision de l’IVG le fait pour les deux corps à la fois, et pas uniquement pour le sien. La réalité c’est que ce n’est pas “mon corps, mon choix”, mais “nos corps, mon choix”.
Problème philosophique aussi : parce qu’on pourrait rétorquer qu’un fœtus n’est pas encore une personne !
Précisons d’abord que le mot fœtus est un mot latin utilisé à l’origine pour dire nourrisson. Et on peut se demander : qu’est-ce qui fait la dignité d’un être humain ? Comment évaluer ce qu’est une personne ? Certains diront, c’est le fait d’avoir une personnalité propre : des rêves, une conscience, des projets. Cette définition est restrictive et n’est pas sans poser beaucoup de problèmes et de questions sans réponses. Mais même en usant de cette définition lacunaire, les “fœtus” devraient être considérés comme des personnes humaines, puisque déjà très tôt, ils rêvent dans leur sommeil et se comportent déjà d’une manière qui leur est propre. Qui sommes-nous pour dire qu’ils ne sont pas des personnes ? De plus, il n y a aucune raison biologique pour faire commencer le début de la vie humaine à l’accouchement, et philosophiquement toutes les raisons indiquent que le petit être qui vient d’apparaître avec son propre ADN a, dès le commencement, tout autant de dignité et de droit de vivre que n’importe qui.
Problème sociétal également :
Car on pourrait dire : “oui mais le foetus est entièrement dépendant de sa mère, à ce titre, celle-ci a totalement le droit de mettre un terme à cette présence indésirable dans son corps”.
Le problème c’est que les fondations morales et civiques de notre société reposent sur la responsabilité des uns par rapport aux autres, surtout vis-à-vis des personnes dépendantes.
Par exemple, tout parent a pour rôle légal de protéger et de nourrir à ses dépends ses enfants, de même les enfants ont ce devoir vis à vis de leurs parents devenus dépendants et ainsi de suite vis-à-vis des membres handicapés de leur famille. Une mère qui refuserait de nourrir son petit et qui le laisserait mourir de faim, parce que “son corps lui appartient” et qu’elle “n’a pas à faire un effort pour le garder en vie” serait légitimement inculpée de meurtre. Nous sommes tous dépendants les uns des autres, et nous pouvons utiliser nos corps librement selon notre conscience à la condition de ne pas faire du tort aux autres et de ne pas les mettre en danger.
Le recours à l’IVG pour se débarrasser d’un être humain qui est pleinement dépendant de nous et qui ne peut pas faire autrement, c’est pareil que de laisser une personne se noyer, parce que “mon corps m’appartient” et qu’on considère qu’on n’a pas a être forcé à plonger dans l’eau et à se mouiller. En pratique c’est de la non-assistance à personne en danger. L’avortement rentre en contradiction avec les autres valeurs positives poursuivies par notre société, comme la solidarité, la compassion et l’estime de la vie humaine.
Problème spirituel surtout :
La réalité du monde ne se limite pas à ce qui est matière. Le fait est que chaque être humain est doté de son propre esprit, lié à son corps et donné dès la conception par Dieu. Aussi la vie et la conscience de chaque individu sont présentes dès sa première cellule humaine vivante, dès la rencontre des deux gamètes. La Bible parle des petits humains en gestation comme des individus à part entière, capables d’émotions (Luc 1.44) qui sont connus et aimés de Dieu (Psaume 139.13 et Jérémie 1.5). Cela se reflète aussi dans la loi de Moïse : si le fœtus meurt à la suite d’une maltraitance faite contre une femme enceinte, alors le coupable doit être mis à mort (Exode 21.23) au même titre qu’il le serait pour le meurtre d’un humain adulte. Il en résulte que pour Dieu, l’avortement est un acte aussi grave que l’est le sacrifice d’enfant, pratique courante dans les sociétés païennes de l’époque, qui n’est pas sans faire penser aux millions de fœtus sacrifiés sur l’autel des faux-dieux que sont le confort matériel ou le regard des autres. Quand Dieu regarde tout le Mal et les injustices que commettent les humains, il est dit qu’il éprouve une grande colère (Romains 2.5) et qu’un jour chaque humain devra rendre des comptes sur la façon dont il a mené sa vie.
Mais alors, si le foetus est déjà un être humain vivant, pourquoi la majeure partie de la société s’évertue-telle à le nier ?
Là encore, le fond du problème est spirituel. La Bible enseigne que depuis des temps fort reculés, les humains se sont collectivement coupés de Dieu, et qu’ils sont perdus et sans repères. Dans le fond, tous sont tentés de justifier leurs mauvaises actions que leur dicte leur égoïsme. Il y a pas de grand massacre ou de meurtre qui n’ait pas été justifié en niant l’humanité des victimes.
Dans le fond, justifier l’avortement, c’est trouver normal d’écraser la vie des autres pour sauvegarder la sienne, mais c’est aussi ce que font les humains dans la plupart des domaines de leur vie. Quelque part, l’avortement c’est le contraire même de la définition de l’Amour véritable : en effet, Jésus a dit : “il n y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis” (Jean 15.3), et c’est ce que Dieu a fait en venant par amour mourir sur une croix pour sauver les humains. D’un côté jésus a dit: “je meurs pour toi”, de l’autre l’adulte qui fait avorter l’enfant à naître lui dit “tu meurs pour moi”. C’est absolument tragique et ça révèle à quel point le cœur humain à besoin d’être guéri et renouvelé par Dieu.
A toi qui me lis, quoi que tu aies fait par le passé, quelque soit la gravité de tes péchés qui te condamnent, toi aussi tu peux recevoir entièrement le pardon de Dieu et être sauvé. C’est parce qu’Il t’aime et qu’Il ne veut pas que tu périsses éternellement que le Christ est venu sur terre, qu’il a chèrement payé le prix pour te sauver. Adresse-toi à Lui, demande-Lui pardon pour tes péchés et demande Lui qu’il te donne un cœur nouveau et Il te le donnera.
Charles B, janvier 2019
Votre article est plein de bon sens,de logique et est sûrement inspirée du Saint Esprit,mais j’ai une question:oui,l’embryon est déjà un être humain,mais qu’en est-il des femmes dont le viol à entrainé la grossesse et qui ne veulent pas garder l’enfant leur rappelant l’acte horrible si s’est passé,ou encore si elles sont très jeunes(voilées pendant l’adolescence ?)et que leur vie est en menacée par la grossesse surtout qu’elles sont souvent dans le déni de leur grossesse,dans ce cas là aussi faut-il être catégorique concernant l’IVG?Moi je dirai non car je ne peux pas imposer ma philosophie à quiconque est dans la souffrance à cause de l’erreur d’un animal(le violeur) et au lieu de laisser grandir un enfant qui ne connaîtra pas l’amour de sa mère ni de celui de son père je peux comprendre le choix de la mère et non la condamner,le jugement appartient à Dieu!
Merci pour vos encouragements et votre commentaire.
Evidemment il existe des cas absolument terribles, et en éthique ne peut raisonner d’abord qu’en termes généraux, c’est à dire en laissant de côté les exceptions. Car des exceptions peuvent toujours exister, et vous avez raison d’envisager de tels cas.
Pour ce qui est du cas d’une grossesse suite à un viol, je crois cependant que si il faut absolument qu’un être humain soit tué suite à ce crime, ça ne doit pas être l’enfant mais le criminel.
L’enfant à naître lui, est innocent. Mais vous avez raison je crois sur le fait qu’une femme qui a été violée et qui se retrouve enceinte suite à cela, et qui ne voudrait pas accueillir cet enfant ne devrait pas avoir à élever cet enfant. Elle pourrait le confier, le donner à adopter à un couple qui se réjouirait de pouvoir l’accueillir et devenir pour cet enfant, un père et une mère aimants. Ce faisant, elle aurait pratiqué un geste d’amour envers cet enfant innocent, lui donnant à la fois une famille aimante et une vie longue. Il y a beaucoup d’enfants conçus de viols dans ce cas, qui donnent de très beaux témoignages, et qui sont reconnaissants envers leur mère naturelle (qu’ils ne connaissent pas) pour avoir fait le choix de ne pas avorter. La plupart sont très heureux d’être en vie et ont grandis dans des familles d’adoptions aimantes. Aurait-il mieux fallut les tuer ? Ce n’est pas leur avis, la vie est un cadeau de Dieu.
Bibliquement et éthiquement, je crois que recevoir l’amour humain n’est pas une condition à la dignité humaine aux yeux de Dieu. Dieu aime chaque être humain, le maintient en vie, et l’a créé à son image (même si cette image est déformée par le péché). Et quand bien même, quelqu’un serait haït de tous les hommes, rejeté à cause de son handicap, de son manque d’intelligence, ou de sa laideur physique, tuer injustement une telle personne humaine serait un crime aux yeux de Dieu.
Après, évidemment, dans le cas d’une grossesse où la mort de la mère parait quasi-certaine (grossesse extra-utérine), cela peut, éventuellement se justifier. Il vaut mieux qu’un seul être humain ne meure plutôt que deux. Il s’agit alors de quelque chose d’aussi tragique que de devoir couper la corde à une cordée lors d’un accident de montagne.
Pour ce qui est de l’imposition d’une philosophie sur une autre personne, je crois que jamais on y échappe. Dans un sens, comme dans un autre. Car notre monde est un tout. Accepter une vision du monde qui autorise l’avortement, c’est là aussi laisser imposer le choix d’une personne sur la vie d’une autre. Le rôle de l’Etat et des lois, aux yeux de Dieu, est justement de limiter le mal et la souffrance dans ce monde, de punir les coupables mais d’accorder la paix aux innocents (Romains 13.4 : Le magistrat est serviteur de Dieu pour ton bien. Mais si tu fais le mal, crains; car ce n’est pas en vain qu’il porte l’épée, étant serviteur de Dieu pour exercer la vengeance et punir celui qui fait le mal.)
Le jugement définitif appartient bien à Dieu, (ce n’est pas à nous de choisir qui aura la vie éternelle, et qui aura la mort éternelle, car Dieu peut pardonner à ceux qui se repentent, même à la dernière seconde), mais il est donné aux hommes de discerner le Bien et le Mal, et de dénoncer le Mal sous toutes ces formes : (Ephésiens 5.11 : et ne participez pas aux œuvres stériles des ténèbres, mais plutôt condamnez-les).
J’écris cela, en sachant que cela parait très éloigné des standards actuels de notre société. En tant que chrétiens, nés dans le monde, apprendre à ne plus regarder avec les yeux de notre société mais apprendre à voir avec les choses avec les yeux du Seigneur est un long apprentissage que l’on ne finit jamais pendant notre vie.